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Communiqué presse – Prix scientifiques Leenaards 2025 attribués

Deux Prix scientifiques Leenaards 2025 attribués

Près de 1,4 million de francs pour la recherche biomédicale dans l’arc lémanique

Lausanne, le 1er avril 2025. Deux groupes de recherche de l’arc lémanique reçoivent le Prix scientifique Leenaards 2025, d’un montant total de 1,4 million de francs. Le premier, dirigé par la Docteure Jasmine Abdulcadir (HUG), cherche à mieux comprendre la sensibilité des organes génitaux féminins, un domaine où les mesures scientifiques objectives sont encore largement insuffisantes. Grâce au développement d’un outil connecté et facile à manipuler par les patientes elles-mêmes, la prise en charge diagnostique et thérapeutique des personnes souffrant de mutilations ou traumatismes génitaux pourra être considérablement améliorée. Le deuxième projet, mené par le Professeur Li Tang (EPFL), explore une nouvelle approche pour surmonter la résistance des cellules cancéreuses aux traitements immunothérapeutiques. En renforçant la rigidité des cellules cancéreuses, les chercheurs espèrent améliorer l’efficacité des lymphocytes T dans l’élimination des tumeurs. Cette avancée, mêlant ingénierie mécanique, biologie et clinique, pourrait conduire à des traitements plus efficaces pour les patient.e.s résistant.e.s aux immunothérapies actuelles.

Press release – Leenaards Foundation 2025 Science Prize


Innovation dans la prise en charge des mutilations génitales féminines : un nouvel outil pour mesurer la sensibilité génitale

L’équipe de recherche est menée par la Dre Jasmine Abdulcadir (HUG, à gauche) et le Pr Daniel Huber (UNIGE, à droite) © Alban Kakulya

Aujourd’hui, les mutilations génitales féminines affectent 230 millions de femmes et de filles dans le monde, dont 600 000 en Europe et 24 600 en Suisse, et constituent un problème de santé publique majeur. Des mutilations, telles que l’excision du clitoris et des lèvres ou l’infibulation (la fermeture de la vulve après excision), portent atteinte à l’intégrité corporelle des femmes et des filles et peuvent avoir des conséquences graves sur la santé physique, psychologique et sexuelle. Face à cette situation, une équipe transdisciplinaire menée par la Dre Jasmine Abdulcadir du Service de gynécologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) – l’une des rares gynécologues en Suisse formées aux spécificités à la fois socioculturelles, médicales et chirurgicales de ces mutilations – cherche à permettre une meilleure compréhension et évaluation de la sensibilité des organes génitaux féminins, afin d’améliorer la prise en charge clinique, chirurgicale et psychosexuelle des patientes concernées. La Dre Jasmine Abdulcadir mène l’équipe de recherche lauréate de l’un des deux Prix scientifiques Leenaards 2025 en collaboration avec le Pr Daniel Huber, du Département des neurosciences fondamentales de l’Université de Genève.

« Nous allons proposer pour la première fois une mesure objective de la sensibilité sensorielle des organes génitaux, notamment après une mutilation ou pour accompagner une reconstruction », explique le Pr. Daniel Huber. Cette recherche s’attaque à un sujet encore trop tabou dans la société, et comble ainsi une lacune majeure dans l’état des connaissances actuelles. Pour ce faire, leur équipe propose de mettre en place un dispositif capable d’évaluer la sensibilité à travers des stimulations tactiles calibrées. « Nous allons développer un petit outil portable et connecté pour permettre aux femmes d’évaluer la sensibilité de leur vulve et de leur clitoris en toute confidentialité, à leur domicile, sans avoir à subir d’examens cliniques gênants et invasifs », ajoute le Pr Huber. Cet appareil devrait non seulement constituer une avancée majeure dans la compréhension, mais aussi dans le suivi des troubles de la sensibilité génitale chez les femmes concernées et, plus largement, pour d’autres personnes. Il devrait aussi permettre d’évaluer comment la perception du corps influence la réponse psychosexuelle. Bien que l’information autour du clitoris se soit démocratisée ces dernières années, le manque de connaissances et les tabous restent flagrants. « Dans notre consultation aux HUG, près de 50% des femmes qui envisagent une reconstruction vulvaire après une excision renoncent finalement à cette opération chirurgicale grâce à l’accompagnement thérapeutique, psychologique et sexologique, et en prenant conscience que leur organe, bien qu’altéré, reste fonctionnel », précise la Dre Jasmine Abdulcadir.

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Rigidifier les cellules cancéreuses pour mieux les éliminer : une nouvelle piste contre la résistance aux immunothérapies

L’équipe de recherche est menée par le Pr. Li Tang (EPFL, au milieu), avec la Pr. Camilla Jandus (UNIGE, à gauche) et le Pr. Olivier Michielin (HUG, à droite) © Alban Kakulya

Face aux limites de l’immunothérapie, une équipe de recherche explore une nouvelle stratégie pour accroître l’efficacité des traitements contre le cancer. « En ciblant les propriétés mécaniques des cellules cancéreuses et en les rigidifiant, nous visons à renforcer l’adhésion des lymphocytes T et leur capacité à détruire les tumeurs, ce qui ouvre la voie à des traitements plus efficaces pour les patients résistants aux immunothérapies actuelles », explicite le Pr Li Tang, du Laboratoire de biomatériaux pour l’immuno-ingénierie de l’EPFL. Il pilote cette équipe de recherche lauréate de l’un des deux Prix scientifiques Leenaards 2025 aux côtés de la Pr Camilla Jandus, du Département de pathologie et immunologie de la Faculté de médecine de l’Université de Genève (UNIGE), et du Pr Olivier Michielin, chef du Département d’oncologie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). L’immunothérapie repose sur la capacité du système immunitaire à reconnaître et détruire les cellules cancéreuses. Contrairement aux traitements classiques comme la chimiothérapie ou la radiothérapie, qui ciblent directement les cellules tumorales, elle agit en stimulant les défenses naturelles de l’organisme. Toutefois, les cellules cancéreuses ont développé des stratégies pour échapper à la détection par le système immunitaire, ce qui limite l’efficacité des traitements actuels. À ce jour, l’immunothérapie est efficace pour un nombre limité de cancers. Jusqu’à présent, la recherche sur le cancer s’est principalement concentrée sur des approches pharmacologiques et biologiques, notamment en ciblant les points de contrôle immunitaires, des mécanismes utilisés par les cellules cancéreuses pour bloquer l’attaque des lymphocytes T. « Certaines dimensions de la recherche restent encore largement inexplorées, notamment les propriétés physiques des cellules cancéreuses et comment elles influencent l’issue de l’immunothérapie », précise le Pr Li Tang.

« Rigidifier les cellules cancéreuses, c’est leur retirer un bouclier qui les protège de l’attaque immunitaire. En modifiant leurs propriétés mécaniques, nous permettons aux lymphocytes T de s’y fixer et d’injecter leur matériel cytotoxique, essentiel à leur destruction », explique la Pr Camilla Jandus (UNIGE). Une découverte récente du laboratoire Tang (EPFL) a en effet révélé que la plasticité cellulaire, ou la « mollesse » des cellules cancéreuses, joue un rôle clé dans leur résistance aux traitements. Ce phénomène empêche les lymphocytes T – gardiens de notre immunité – de s’agripper aux cellules malades et d’initier leur destruction. C’est en ciblant cette vulnérabilité mécanique que l’équipe de recherche espère ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques.

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Spécificités du Prix scientifique Leenaards

Le Prix scientifique Leenaards pour la recherche biomédicale translationnelle est décerné chaque année (un à trois projets soutenus) à des groupes de scientifiques favorisant une collaboration entre des chercheuses et chercheurs issu.e.s d’au moins deux institutions ou hôpitaux académiques de l’arc lémanique (CHUV, UNIL, Unisanté, HUG, UNIGE, EPFL). Ce prix finance des projets investiguant une problématique clinique sous un angle original, s’appuyant sur une recherche de base pointue. Il a aussi pour objectif de soutenir des projets translationnels associant les recherches fondamentales et cliniques en vue de transformer les découvertes scientifiques en traitements médicaux. Les projets qui passent le premier stade de sélection du jury des prix pour la recherche médicale translationnelle sont ensuite soumis à l’évaluation d’expertes et experts internationaux externes (peer review). Ce processus d’appel à projets lancé en 2024 a vu la soumission de 16 projets par des groupes de recherche provenant des six institutions. Quant au Jury, il compte une majorité de membres lié.e.s à des institutions situées hors de l’arc lémanique, par souci d’indépendance. Il est présidé par François Verrey, Professeur émérite de physiologie de l’Université de Zurich.


Renseignement et personne de contact :

Adrienne Prudente, responsable communication de la Fondation Leenaards, se tient à votre disposition pour organiser des interviews avec les lauréat.e.s, le conférencier ou les représentant.e.s de la Fondation Leenaards.

021 351 25 55
communication@leenaards.ch

Documents presse : www.leenaards.ch/presse